Ces phénomènes énergétiques étaient survenus brutalement.
Le substrat cosmique local s'était trouvé alors violemment percé d’une multitude de traits mortels. Les pointes noires des Fosses du Temps le crevaient de part en part. Elles emportaient avec elles des pans entiers de la structure cosmique, confins oniriques, Mystères, Puissances, et essences lumineuses. Par cette dislocation du substrat cosmique, les frontières d’un vide nouveau surgirent dans les sillons laissés par la chute des Enfants des Dieux. Un néant nouveau se révéla, glacé. Développé en espace froid et sombre entre les fragments qui s’envolaient, il étendrait brutalement son règne tendu entre la course mortelle des Fosses du Temps et le rappel incessant du Cosmos vers la Lumière. Ce néant nouveau qui compensait le déséquilibre engendré par l’énergie extrême des Fosses, ce vide connu sous le nom de Néant Tertiaire, allait précipiter la chute du cosmos local.

Dans la fraction d’instant qui suivit la décompensation soudaine du grand continuum, le fleuve de la Vie s’engouffra en furie dans le sillage de la chute des Enfants des Dieux.
Il se déversa alors en cataractes aveugles aux dimensions monumentales, titans d’énergies s’abîmant en trombe au néant.

Ce fut la génèse des Champs du Temps, autrement nommés Univers, avènement qui eut lieu dans le cataclysme assourdissant déchaîné par le Chaos et par la chute des Infants en Fosses.

Captés par les monumentaux tourbillons d’énergie dans leur disruption subite, toute une gamme d’états perdus entre Lumière et Matière virent le jour au cœur des espaces inférieurs. Les plus puissantes des Fosses du Temps emportaient en spirale derrière elles de vastes pans du susbstrat cosmique. Plus tard, lorsque le vide serait suffisamment distendu par la course sans fin des Fosses, ces vastes spirales formeraient toutes les galaxies de l’Univers. Car les énergies cosmiques explosèrent aussitôt lorsqu’elles pénétrèrent le froid mortel du vide, faisant jaillir, à la suite des Fosses une multitude innombrable de domaines pour devenir tous ensemble le chœur des étoiles, répandu en constellations de lumière dans le noir du vide.

Les Champs du Temps, notre Univers... formé de ces vastes étendues sombres où le rêve glorieux originel s’était trouvé emprisonné en Matière. Où seule désormais la lumière rappellait à la source des rêves des mondes, telle qu’elle fut inspirée avant le commencement du temps et la venue des Dieux. Bien au dessus du Grand Règne et des Jardins d’Eternité, dans les cieux originels demeures du Suprême et par-delà le Néant.