Jeu de Rôle Médiéval-Fantastique

La légion noire parcourut l'infini, attirée à la lumière qu'elle percevait.
Elle ne put franchir l’Horizon du Rêve.
Elle se divisa alors en silence en deux factions.

La première sous la bannière du Nâ-Khêl.

Les plus grandes et incompréhensibles des formes ténébreuses se postèrent en arrière, tandis que des plus petites s’avancèrent. Elles pouvaient sentir les Mystères puissants parcourant la ligne frontière, à un rythme de rotation si rapide qu’ils formaient un entrelac de motifs hypergéométriques semblant quasi statique. Ces Choses là vomirent une nuée de formes noires et rapides ; des Chimères. Elles s’aglutinèrent en nombre et par paquets sur la ligne des puissantes magies. Entités marquées par le sceau du fantasme, empruntes de folie, elles entreprirent de tisser des pièges mortels pour assouvir la faim de leurs maîtres. Les Chimères se tapirent ainsi, travaillant, fouillant l’entrelac des Mystères formant l’horizon onirique cosmique.

Il ne fut pas long avant que quelques Infants trop imprudents viennent s’y perdre.
Les Chimères les piquèrent de leurs dards mortels et aussitôt leur esprit, horreur, fut pris de folie et leurs rêves transformés en fantasmes fuyants.
Ils devinrent incapables de maîtriser une vision qui était devenue maintenant un piège, une illusion puissante. La masse grouillante des Chimères s’écarta vivement quand les pauvres, captés par les Mystères contaminés, furent emportés violemment au lointain, drainant avec eux les limites de l’horizon cosmique...

Ces Infants furent donc condamnés subitement par le venin à pourchasser à jamais et à une allure de plus en plus folle ces illusions, et le substrat cosmique, localement, sur cette portion des confins, s'en trouva brutalement distendu.
Pris par les mirages ils s’enfuirent ainsi toujours plus profondément et l’Horizon du Rêve recula indéfiniment devant eux. Les espaces lointains, distendus, qu’ils engendraient, dans la région du Grand-Règne qui étaient emportée derrière eux, possédaient maintenant des dimensions étranges, épuisés en énergie mais aux Mystères saturées de folie.
Les Chimères et les Diables espérèrent sans jamais voir ce jour ce faire s’étirer et s’aplatir le continuum du Cosmos jusqu’à la rupture, mais les essences originelles ne pouvaient être rompues.
Ils ne purent envahir le Grand-Règne.

Tous les Enfants des Dieux qui vinrent se perdre dans ces pièges malins ne succombèrent pas définitivement. Beaucoup récupérèrent au terme d’un long conflit magique dont la narration ne sera pas faite ici. Malgré tout, ceux qui échappèrent enfin aux Chimères purent rétablir leur force. Mais le trauma qu’ils venaient d’encourir dans leur propre esprit firent que les visions de ces Infants étaient désormais et à jamais empruntes d’illusions fortes, et toujours emportés par une haute vitesse, une forte magie, et, pour certains, débilités par des démences profondes.
Tous ces rescapés Enfants des Dieux et leurs domaines oniriques respectifs allaient constituer la région des Marches Infinies, autrement appelées Limbes. Où le substrat cosmique est donc marqué par cette qualité enfuyante de l’illusion, traversée par des courants de magie forts et contradictoires, difficiles à maîtriser, peuplés de visions soudaines, d’incohérences et de fantasmes.
Mais, pour ceux qui ne purent se défaire de l’emprise mortelle des Chimères, l’histoire fut tout autre, sinistre et cruelle. Il est dit que les Chimères surent les capter et les perdre, asservis à jamais à la malignité des Diables qui les commandent. La fuite éperdue et folle de ces pauvres Enfants leur fut ainsi assurée infinie et sans espoir jamais de retour. Dans leur perdition aux confins noirs et à leur suite se formèrent les enfers psychiques du Dédale.