Jeu de Rôle Médiéval-Fantastique

On présente ci-après quelques extraits du "Grand Poème du Temps Premier", tiré des Oeuvres Sublimes d'Al-Akshyn. La traduction en a été mal-aisée, car le style original du grand poète kurumda est difficile, véhiculant des idiomes anciens, parfois incompréhensibles ou simplement intraduisibles. D'où certaines répétitions qui peuvent apparaître inutiles, en tout cas d'un point de vue littéraire moderne. Le texte est néanmoins fondateur, et sert toujours de référence pour l'enseignement théologique. Il parle des origines du monde, et du conflit ancien entre les forces de la nuit et celles de la lumière. Nul ne sait ce qui inspira les visions à Al-Akshyn, il n'en reste pas moins qu'elles demeurent, avec cette force intacte et livrées pour nous.

"
Aux commencements de tout n’étaient que les cieux infinis, le Grand Esprit Originel.

En lui apparurent les Ewës. De lui, et pour lui. Ils venaient dans la gloire du commencement de tout, présents, visibles, et leur existence même attestait leur grandeur. Cependant ils demeuraient infiniment effacés et petits, car dans la gloire originelle seul était le Grand Esprit.
Et ils dansaient, points de lumière.

-

Et ce fut alors, s’harmonisant sans cesse en orchestre glorieux, que les Ewës s’avancèrent.
Un grand éclat traversa les cieux. Et les demeures si vastes des origines prirent des atours de majesté, car par le grand éclair nombre d’entre eux avaient été un moment dispersés, chahutés, mais s’étaient bientôt rassemblés pour former cercle autour de ce qui fut et resta prodige, de ceux qui advinrent jamais au grand royaume originel.  Ceux des Ewës pris, au centre du ballet, d’une transe exceptionnelle avaient fusionné pour engendrer le premier miracle.

Création éternelle, Joyau et vaste sphère faite d’eaux et de gloire, œuvre des Ewës, lumière des essences originelles, l'Illum Som.

Elle flottait, œuvre à la beauté incomparable, suspendue dans les cieux infinis et entourée de la garde de l’ensemble des Ewës restant, de ceux qui n’avaient point fusionné.
Et le silence se fit progressivement dans les espaces vierges, aux commencements de toute chose.

-

Alors, tandis que joie et gloire érigeaient leur règne, il est dit que dans quelque espace inconcevable, vint une grande Ombre, vaste et pleine de silence. Elle n’était ni séparée de la création ni ne faisait partie d’elle. Elle formulait d’elle-même son propre secret, absence plus que présence, en nuances sombres voilées derrière les immensités de lumière des commencements.
Et ainsi était le néant.
Inconçu, invisible, inexistant.
Engendrant sa propre volonté l’Ombre formulait une réalité rejetée en dehors du tout, en un espace privé de substantialité. Et c’est de cette étendue sombre, tandis que les Ewës naissaient immaculés du Grand Esprit, que leur imitation s'en suivit. Les Inomés émergèrent ainsi, incréés et forcés à être, tirés d’eux-mêmes. Fantasmes puissants incarnant la volonté sans origine, lancinante, de l’absence et de l’Ombre. Inomés du néant, de ce qui n’est pas, antithèse funeste des Ewës et de leur gloire, ils étaient, ombres immenses voilées à la vue de la création naissante, absents à toute chose.